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Formation continue 2023-2024

Professionnels de l’accompagnement humain, vous savez comme nous l’importance de nous former tout au long de notre vie.
Vous désirez effectuer des démarches de formation focalisées sur des thématiques liées à l’usage de la création dans l’accompagnement humain.

Chaque année nous proposons des ateliers thématiques, des masterclas et séminaires, ou des cycles de formation continue brefs ou longs aux professionnels de l'art-thérapie, de la santé, de l’art, du champ social ou éducatif.

Vous trouverez dans la démarche de L’ATELIER  le souci d’un cheminement créatif et rigoureux, adapté à différents champs d'intervention: thérapie, santé, lien social, pédagogie, entreprise.


Notre pédagogie est engagée, participante et créative, en cohérence avec le contenu de nos propositions et notre vision de l’art-thérapie.
Comme le thérapeute, le formateur est un passeur, il se garde d’un activisme personnel, de toute intervention interprétative intrusive, des étiquetages ou encore d’une position extérieure voyeuse et distante. Préférablement, il accompagne et soutient les émergences créatrices des étudiants tout en respectant les mystères nécessaires à l'imagination, au désir et à l'unicité de chaque personne ainsi que de chaque transformation existentielle. Source et fruit de l’expression créatrice il y a un être humain que nous nommons le créant, lancé dans une vie créatrice au-delà des souffrances ou des événements de sa vie.


Week-ends thématiques - prgramme 2023-2024
Masterclass
CAS


Thématique de l’année 2024 :  Murmures

Il nous faut écouter l’oiseau au fond des bois,
le murmure de l’été, le sang qui monte en soi. 

Jacques Brel
 
Le vivant vibre encore, savons-nous le regarder ? Le vivant s’exprime alors dans le murmure des oiseaux, les regards furtifs, des tremblements, la beauté, la simplicité, les caresses. Il nous faut lui prêter notre attention.

Au-delà des symptômes, des souffrances, des plaintes, des silences et des cris de nos patients, savons-nous écouter le vivant dans les murmures de leurs gestes, dans celui de leurs créations en art-thérapie ? Savons-nous y voir la beauté du vivant, qui souvent n’est qu’un murmure prudent, méfiant, offert, natif, inconscient, involontaire, une pulsation qui vient du fond de leurs tréfonds, le sang qui monte en soi, le flux de la vie qui nous habite.

Le murmure est une expression minimale, à peine perceptible, elle est destinée à offrir un aspect essentiel de soi dans un climat d’intimité. La rivière murmure de son élan au promeneur, l’amoureux murmure ses mots d’amour et de tendresse à son amante, le rêveur murmure à lui-même dans son entre-sommeil. Ce qui est donné dans le murmure est à peine exprimé mais pleinement offert. Il y faut un récepteur attentif. Le murmure implique une attention généreuse, confiante, une promesse d’écoute, une présence. Il faut au murmure une écoute murmurante, une écoute aux oreilles doucement ouvertes jusqu’au cœur. C’est une socialité intime, affective.
Le murmure c’est aussi celui d’une foule, qui bruisse de mots à peine audibles, de mots banals ou qui se méfient, de mots qui imaginent plus qu’ils ne disent, qui travestissent plus qu’ils ne cherchent une vérité. Le murmure de la rumeur. La rumeur qui se transmet en sous-entendus, en presque dit, en je te fais imaginer. Le complot également, se transmet par ouï-dire, par sous-entendus, par cachoteries, par demi-mensonges avant d’éclater au grand jour et d’emporter les foules crédules. L’un dit, l’autre entend ou croit entendre, il ajoute de grands pans de son imagination, et une pensée se transmet, transformée sans cesse jusqu’à perdre le contact avec la signification profonde du mot pensée. Une socialité de foule.

Le murmure c’est encore ce vol accordé et en transformation constante de groupes d’oiseaux qui crée, par leur grand nombre, des formes aléatoires dans le ciel d’hiver ou de printemps. Ce murmure fait aisément naitre un sentiment de beauté ; les formes se transforment sans aucune volonté globale, un oiseau initie un geste différent, ses voisins s’accordent à ce geste et la transformation se répand dans la nuée de centaines d’oiseaux dans des fractions de fractions de seconde. Une autopoïèse. Ainsi les oiseaux volent ensemble, préparent des migrations ou développent une forme de socialité grégaire archaïque, gestuelle. Nous, à distance, voyons une forme globale, une nuée.

Les formes qui naissent en art-thérapie se développent ainsi, elles naissent d’un geste existentiel du patient, le thérapeute les reçoit, il y résonne d’une résonance ancienne, immédiate, non-pensée, il rend au patient des gestes, des regards, des mots, parfois des créations également. Et la création du patient évolue en résonance également. Sans que l’un ou l’autre n’ait à comprendre, même si parfois ils le font, les formes se métamorphosent et donnent du sens à la relation thérapeutique, à l’existence du patient. Ces formes, en transformation continue, mobilisent la créativité des partenaires et laissent des traces d’émois, d’imaginaire, de sentiment de beauté, de sens à la vie, de qualité de contact au flux du vivant. Comprendre ce qui se passe n’est pas important, dans sa forme savante et intellectuelle, mais prendre ensemble les métaphores artistiques est essentiel. Ce sont des murmures poïétiques.

Jacques Stitelmann