Toute profession se doit d’effectuer des recherches afin de définir son champ d’activité comparativement aux professions voisines, de comprendre les processus principaux qui l’animent, de construire ses théories propres et sa méthode d’intervention spécifique, de mesurer les effets des interventions des professionnels sur leurs patients et leur environnement.
Traditionnellement, dans les sciences humaines, les universités se chargent de l’enseignement et de la recherche, alors que les institutions cliniques s’occupent de l’application des connaissances. Parfois ce sont les associations professionnelles, voire des associations de patients qui réalisent des recherches. Il arrive que les projets de recherche soient menés conjointement par les différents acteurs du champ concerné.
En ce qui concerne l’art-thérapie, les universités et les hautes écoles, en ce qui concerne l’Europe continentale, n’ont pas encore intégré l’art-thérapie dans leurs cursus de base, elles effectuent donc peu de recherche. Elles proposent parfois des programmes post-grades d’art-thérapie, enseignés par des universitaires, mais ces programmes sont situés sur le marché libre de la formation continue, comme ceux des autres instituts de formation, elles n’ont pas de postes voués à la recherche.
L’ATELIER est un institut privé qui veut assumer autant que possible sa responsabilité scientifique. Pour réaliser nos recherches, nous réussissons parfois à trouver des subventions pour payer les chercheurs et plus fréquemment, nous travaillons tout simplement bénévolement.
Notre direction pédagogique et nos enseignants principaux sont des praticiens chevronnés et des docteurs en art-thérapie, ce qui est unique en Suisse et probablement plus largement en Europe continentale. Par cette formation de haut niveau, ils sont qualifiés et ont le désir de mener des démarches scientifiques.
C’est ainsi que nous effectuons en permanence des recherches sur l’art-thérapie. Dans un premier temps, nous avons effectué des recherches exploratoires qualitatives car nous estimons que l’art-thérapie manque de concepts clairs et spécifiques. Nous pensons que ce type de recherche exploratoire doit être poursuivi, car c’est dans ces démarches que nous pouvons faire émerger les spécificités des processus thérapeutiques de notre profession et ses concepts propres. Mais nous sommes aussi désireux de développer des recherches plus quantitatives, orientées sur les résultats des prises en soin des patients.
Nous invitons les autres instituts de formation et associations professionnelles qui effectuent des recherches à nous contacter pour échanger nos idées, nos résultats et éventuellement pour travailler en commun sur l’un ou l’autre projet.
La rencontre de l’être humain avec le monde s’effectue par des modalités. Concept phénoménologique, la modalité exprime la manière dont le monde et la personne apparaissent dans leur rencontre, la manière avec laquelle naissent les formes de l’existence. Ce concept est parmi les plus spécifiques et essentiels de l’art-thérapie. Dans l’état actuel, six modalités ont été définies : corps et mouvement, image, son, mot, jeu scénique, goût et odeur. Ces modalités ont été observées dans la clinique de patients adultes, mais elles n’ont pas encore été observées dans leur advenue dans la petite enfance. Comment apparaissent et se constituent les modalités dans la petite enfance ?
Dans cette recherche nous explorons comment les modalités apparaissent et se développent dans la petite enfance à partir de l’analyse de notes d’observations de bébé en situations de vie naturelle.
Les résultats de cette recherche sont partagés dans le livre " Sentir le monde et exister ", de Jacques Stitelmann, paru aux éditions du Rebond en 2022.
Voici les résultats de quelques-unes de nos recherches :
Cette recherche qualitative, basée sur la méthode de la théorisation ancrée, a porté sur la manière avec laquelle les art-thérapeutes abordent les séances qu’ils mènent. A quoi sont-ils attentifs ? Au patient ? Aux relations entre eux et leurs patients ? Aux mondes internes des interlocuteurs ? Au déploiement des œuvres ? Aux liens institutionnels ?
Nous avons analysé les retranscriptions de séances d’art-thérapeutes travaillant dans des services de pédiatrie de plusieurs hôpitaux de Suisse et formulé plusieurs concepts qui permettent de mieux comprendre l’art-thérapie, de mettre en valeurs plusieurs facteurs communs à divers courants et écoles de pensées de l’art-thérapie. Nous avons publié trois articles sur cette recherche :
La notion de cadre, utilisée dans toutes les professions thérapeutiques, est un élément clé des accompagnements proposés aux patients. Qu’en est-il en art-thérapie ? Qu’est-ce que le cadre exactement ? Travaillons-nous avec le même type de cadre que les autres professionnels de la relation thérapeutique ? Existe-t-il des éléments de cadre particuliers et spécifiques à l’art-thérapie ?
Dans cette recherche, qualitative à nouveau, nous avons mis en valeurs plusieurs éléments qui permettent de définir les spécificités du concept de cadre en art-thérapie.
Lire le rapport de recherche.
Le constat est régulièrement fait entre professionnels qu’il est nécessaire d’évaluer les ateliers que mènent les art-thérapeutes ainsi que les progrès des patients. Mais peu d’art-thérapeutes effectuent réellement ces évaluations. Et lorsque cela est réalisé, chacun utilise et bricole des outils plus descriptifs que compréhensifs et en général importés de courants thérapeutiques voisins qui n’utilisent pas la création dans leurs dispositifs. Parfois il est fait appel à l’une ou l’autre grille qui ont été plutôt conçues pour de la recherche que pour être de réels outils de terrain au service des thérapeutes. Dans ces cas, leur usage clinique en est lourd et décevant. Nous avons ici étudié la manière dont des art-thérapeutes liés à L’ATELIER évaluent les progrès de leurs patients, donc l’effectivité de leur intervention thérapeutique. Les résultats montrent l’usage de considérations multiaxiales orientées sur des données factuelles, des données existentielles, des données poïétiques et des données liées aux buts et valeurs des cadres institutionnels spécifiques à chaque intervention. Dans un prolongement de cette recherche, nous avons produit un outil utilisable au quotidien dans les limites de temps restreint que les praticiens ont à disposition.
Quels concepts pour une art-thérapie actuelle ? Le Directeur de l’ATELIER a mis sur internet une étude exploratoire, un essai, orienté sur la création de concepts spécifiques à l’art-thérapie. Cette profession tend naturellement à importer des concepts de professions voisines, dont les praticiens sont d’ailleurs originaires. Mais elle peine à forger ses propres concepts. Or ce n’est qu’au travers de ce travail que tout métier trouve sa place dans le concert scientifique et artistique. La recherche sur les points de vue, citée ci-dessus est intégrée à cet essai. Le mode de pensée qui a guidé la démarche de l’auteur est compatible avec la pensée de l’art-thérapie, la recherche tend à respecter à la fois les canons artistiques et ceux de la science et mêle théorie, recherche, situations clinique et processus artistique.
Institut de recherche et de formation en art-thérapie 